Deuil Périnatal: le témoignage de Blandine

Publié le par Claire / Jellylorum



Merci à toutes celles qui continuent à m'envoyer leurs témoignages. Ne vous étonnez pas de ne pas voir le vôtre apparaitre de suite, n'en mettant en ligne qu'un par semaine, cela peut prendre un peu de temps, mais je diffuserais la parole de chacune, c'est très important.
Aujourd'hui, voici une parole sur la durée.
Parfois, le sort s'acharne... L'envie de bébé est là, depuis longtemps, mais la vie nous pousse ailleurs...
C'est le cas de Blandine, qui nous livre ici un boulversant témoignage sur plusieurs années...
Aujourd'hui, elle est maman de deux magnifiques petites filles. Mais ses autres bébés sont malgré tout toujours présents dans son coeur de maman...

Premier +. 20 ans, un oubli avec un amant de passage déjà envolé, une meilleure amie qui ne la croit pas, le doute, mais l’envie. Jeune, oui, mais sûre du choix, même seule. 3 jours après, le choix s’est imposé de lui-même, après de violentes douleurs… Un secret bien gardé, un malaise caché dans un coin du cœur, le côté où on range ce que l’on tait à soi-même.

L’envie, viscérale, est restée.

Second +. 22 ans du matin, un soir d’Amour, avec l’homme qui partage sa vie depuis plus d’an. Tout est prévu, bébé arrivera après l’été, après les examens, belle façon de commencer sa vie d’adulte. La joie, le bonheur. Bébé est là, désiré, c’est une délicieuse peur, une belle inconnue… Finir ses études avec un ventre rond est enthousiasmant, ne l’inquiète pas le moins du monde… Elle a confiance en elle, en ses capacités. L’annonce aux parents, maladroite, ils croient que c’est un accident.

L’incompréhension. Parents protecteurs qui ont peur pour leur progéniture qui a grandit trop vite. Elle n’arrive pas à exprimer son envie, son désir. Elle se laisse envahir par l’incertitude et les conseils atroces qui suivent. « Ça se fait tous les jours, c’est rien ». Ne pas garder son bébé n’avait jamais été une option mais cela est devenu un ordre auquel elle se plie, en bonne petite fille bien sage. Entre les pleurs, le soutien sans faille de son amoureux, elle rencontre des gens qui font tout pour la dissuader du choix qu’elle n’a pas fait. Pourquoi ne se bat-elle pas ? Pourquoi se laisse-t-elle faire ? Allez savoir, parfois l’influence de certaines personnes est plus fort que sa propre volonté.

Visite chez le gynécologue. Première échographie. Le cœur ne bat pas. Bébé s’en est allé tout seul… Elle sait que si elle avait entendu son cœur, un seul battement, elle n’aurait rien fait. Elle n’aurait jamais pu. Mais maintenant la tristesse l’envahit. Quelque part, elle l’a fait partir. Elle veut en finir vite, oublier, passer à autre chose. Un rendez-vous à l’hôpital où elle est traitée comme une adolescente irresponsable. L’anesthésiste se moque d’elle. On ne fait pas attention à sa souffrance, elle est « la quatrième IVG », V pour volontaire. Quelle ironie, elle qui n’a jamais imposé sa volonté.

L’après. L’envie est toujours là. Déchirante. Le Grand Amour a pris un coup, mais s’en remet, doucement. Ils n’en parlent pas, peu. Chacun souffre dans son coin. Lui n’a pas compris comment il s’est laissé entraîné dans la décision des parents. Elle regrette de n’avoir jamais dit à quel point ce bébé était désiré et déjà aimé. Mais déjà le sujet est tabou. Alors il rejoint ce coin du cœur, le côté où l’on range ce que l’on tait à soi-même.


Troisième +. Dix mois après. 22 ans du soir. Un soir d’Amour, le même homme qui est sans conteste l’Homme de sa Vie. On se le dit doucement, tendrement. Personne n’est dans la confidence. Petit à petit, quelques proches sont mis au courant. Mais pas les parents, non, elle a bien trop peur de revivre ce cauchemar. Les choses sont compliquées car ils habitent temporairement chez eux. Mais 3 mois passent, et la semaine prochaine, l’annonce sera faite en grand. Plus de maladresse, une affirmation cette fois. Le choix est fait. Et puis…

Du sang. Douleur, elle ne le saura que l’année d’après, mais ce sont des contractions. Elle perd le bébé. Elle se tord, mais elle souffre seule. Elle ne dit rien. Elle va se coucher. Le lendemain son amoureux l’emmène à l’hôpital, on lui annonce qu’on ne voit rien. Un œuf clair apparemment. Pas de bébé, un fantôme. Elle qui lui parlait depuis 3 mois. Comment-est-ce possible ? Elle le sentait vivant, elle y croyait. Avait-elle tout inventé ? On lui propose une IMG. Pas question. Elle veut laisser faire. Réfugiée chez sa meilleure amie, la poche ses eaux se rompt, sans prévenir. Du sang, encore du sang. Et puis un paquet plus gros, peut-être le placenta, peut-être le fameux œuf clair, le tout s’enfuit d’elle, comme cette grossesse si désirée mais non avouée.

Et comme les autres, ce souvenir, cette douleur ira dans un coin du cœur, le côté où l’on range ce que l’on tait à soi-même.

Blandine

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H
On ne compare pas la souffrance car plus la souffrance est prise en compte et plus le rétablissement est rapide. De plus beaucoup viennent lire ces commentaires car elles mêmes ont souffert. Je peux parler de mon experience d une IMG à 3mois et demi. Il y a 2 mois j ai accouché d'une petite sirène par voie basse à 14semaines,3 mois et demi de grossesse. Et j ai pris ma petite arielle dans mes bras. Ce fut la plus belle expérience de ma vie. La sirénomalie est une malformation qui existe et qui colle les jambes j ai donc dut à 12 semaines attendre la decision du conseil étique pour m'autoriser à avorter car elle ne serait pas viable sans vessie reins et voie vaginales.. On avait déjà préparé son arrivé. Je l aimais déjà, j avais entendu son cœur et vu son corps bougé. Alors oui j'ai vite repris ledessus un mois après. Je n'ai pas fait de dépression mais je pense de tout mon cœur que c 'est grace au soutien des femmes de mon entourage qui m ont écouter et ont accepté ma souffrance, elles ont écouter sans me juger. Du coté de mon père ils n ont pas compris et minimiser ma souffrance ce qui l a rendu extrêmement douloureuse. De même quand le médecin de l hôpital ne m'a pas aidé a gardé une photo ou son bracelet. je n'ai aucun souvenir d elle. Cela fait mal quand mes 2 copines tombés enceintes en même temps que moi me montrent leur ventre qui gigote. je ne ressens pas de la jalousie ou de l envie mais une douleur, un manque, une frustration. Voila je ne dis pas que je souffre plus ou moins mais seulement que prendre en considération la douleur sans jugé aide alors que l opposé fait rentrer dans une spirale de la douleur.
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C
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C
Bonsoir à toutes, je voulais juste te dire merci Claire... comme j'ai fait un déni au début de ma grossesse (2 mois), j'ai eu une grosse prise de conscience au moment de ma fausse couche (15 jours après l'annonce "officielle") et je refais un déni depuis, cela fait quatre mois, je suis passée par un mois de déni de fausse couche et 15 jours de tristesse... je suis encore dans une sorte de déni que je m'impose inconsciemment... Pour répondre aux derniers post, si animés qu'ils soient... je me suis dis effectivement que ça pourrait être PIRE car la fausse couche "ça arrive souvent pour une première grossesse et ça n'empêche pas de recommencer à tomber enceinte" (enfin, j'ai découvert que c'est ce que tout le monde dit)... je vais être un peu crue mais à propos de bébé ou foetus ou embryon... pour moi, le terme approprié est celui que la future mère choisit pour elle même... donc à propos de bébé "mort", je l'ai vu aussi, moi, mon bébé "mort" et ça a été très douloureux...il aurait été plus formé cela m'aurait peut être AIDE à assimiler d'où vient toute cette souffrance et colère sourde qu'il ya en moi... car il s'agit bien de ça en fait, n'est ce pas Claire? de souffrance... de chacune... pas de définitions et de cases à cocher... bref, restons bienveillantes, et n'oublions pas que chacun définit comme il veut ce qu'il veut mais au bout du compte... les sentiments sont bien présents et légitimes... encore MERCI Claire! peut être qu'un jour, je trouverai le courage d'aborder mon histoire mais en tout cas, ton initiative m'aide beaucoup!
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C
<br /> Cecile, je te serre fort....<br /> <br /> <br />
J
Blandine ton message est tout simplement touchant.<br /> <br /> Pour anonyme et angélique. Qui a commencé en premier à comparer les douleurs? Je trouve ça très malsain. On ne cherche pas à savoir qui a le plus mal, qui est le plus heureux,... Claire a ouvert un endroit où toutes femmes ayant besoin de parler, de faire son deuil peut le faire. Dire qu'une femme ayant fait une fausse couche n'a pas de deuil à faire c'est... Je ne trouve pas de mot. Certes ce n'est peut-être pas le même deuil je te le concède. Mais il y a plusieurs deuil dans la vie que l'on perde un ami, un membre de sa famille, un animal... un enfant. Et même deux personnes vivant la même perte ne vivront pas le même deuil.<br /> <br /> Simplement respectons le lieux d'échange qu'à créer Claire. Merci à elle de donner la parole aux femmes. <br /> <br /> Alors merci Claire et merci à toutes les femmes qui osent témoigner.
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